L’écriture de ce livre a été entamée lors d’une résidence au centre d’art et du paysage de Vassivière, hiver 2013-2014
Sur la route entre Limoges et Eymoutiers (la petite ville la plus proche de Vassivière), on croise à un certain moment un village, plutôt un lieu-dit, dont le nom, la première fois que j’y suis passé, m’a littéralement rendu muet. Il s’agit de « Gris ». La plupart du temps, les particularités des noms de lieux, même si elles nous paraissent amusantes ou décalées, ne nous troublent pas outre mesure, habitués que nous sommes aux logiques toponymiques. Quand on croise des noms tels que « La ferme haute », « Planchemouton » ou « Millevaches », on pense assez vite à des raisons concrètes pour expliquer l’histoire particulière de chacun. Même si l’erreur est possible, ce qui est significatif c’est qu’on reste dans le cadre des règles d’une certaine logique générale. Or, dans le cas de « Gris », je n’arrivais à trouver aucun début d’explication, comme si on était proprement sorti du cadre de la logique. Abruptement séparé de tout contexte de signification, le nom gagnait une force et une ouverture énormes.
Le texte exploite les multiples langages (touristiques, industriels, techniques, esthétiques, philosophiques…) qui se croisent sur le site de l’île de Vassivière. Pour autant, il n’est pas une description du paysage spécifique de Vassivière. Il en exploite simplement la complexité culturelle. Troisième terme de la série « Dictionnaire des longues distances », le projet se concentre sur la description d’installations, d’aménagements visant la totalité d’un paysage, en soulignant les croisements, les oppositions ou les négociations entre les logiques de vision qui les traversent, tout en suggérant les espaces de manœuvre qui se dégagent de leur jeu.
Une partie du texte a été montrée sous la forme d’une installation et d’une petite édition, à l’attention du public de Vassivière, en février 2014.
Extrait :
Complété et légèrement recomposé, je l’ai édité à partir de 2016 en plusieurs tirages limités. (Plus d’informations ici).
Sous cette forme, il a été exposé en 2019 au Centre d’art et de paysage de Vassivière, dans le cadre de l’exposition rétrospective « De l’île au monde », puis au au FRAC Nouvelle Aquitaine, dans l’exposition d’inauguration de la Meca, « Il est une fois dans l’ouest ».